« Les Serments de Strasbourg » : premier document écrit en français

Le Musée Historique de la Ville de Strasbourg présente jusqu’au 10 février 2013 un traité européen avant la lettre.

Le 14 février 842, c’est à Strasbourg que se rencontrent deux petits-fils de Charlemagne, pour faire alliance contre leur frère ainé Lothaire, qui prétend exercer le pouvoir sur l’Empire.

Cet accord est validé par des serments prononcés par les deux alliés et par leurs armées, chacun dans la langue de son homologue. Acte de naissance de deux langues, la rencontre de Charles le Chauve et de Louis le Germanique est un objet d’histoire.

Les Serments sont connus grâce à une copie du Xe siècle réalisée à Soissons d’après la Chronique de Nithard, prêtée par la Bibliothèque Nationale de France.

Strasbourg, France, Alsace, Ponts Couverts, Rivière
Strasbourg, France, Alsace, Ponts Couverts, Rivière

Louis et Charles s’unissent contre Lothaire par les Serments de Strasbourg.

Des trois fils de Charlemagne (742-814), seul Louis le Débonnaire dit aussi Louis le Pieux, survécut. De sa première épouse Louis eut deux fils : Lothaire 1er et Louis le Germanique. De sa seconde épouse, Judith de Bavière, naquit Charles le Chauve.

Charles devait recevoir la Francia occidentalis, Louis la Francia orientalis et Lothaire les possessions entres les deux, de la Lorraine à l’Italie. Mais Louis décida d’avantager Charles, et ses autres fils se révoltèrent, puis Lothaire voulut régner seul.

Ainsi Louis et Charles s’unirent contre Lothaire par les Serments de Strasbourg. Un an plus tard le Traité de Verdun (843) fixa pour de longs siècles les frontières entres les trois petits-fils de Charlemagne et leurs successeurs.

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Les Serments de Strasbourg constituent l’un des premiers textes officiels rédigés en allemand et en français : c’est le début de l’histoire des peuples de l’Europe

Charles le Chauve s’exprime en  » tudesque », Louis le Germanique, en « roman ». L’année suivante, le partage de Verdun démantèle définitivement l’Empire restauré en 800. C’est alors que commence l’histoire des peuples de l’Europe qui s’identifient à une langue et à une organisation politique qui leur est propre.

Les Serments de Strasbourg ont été transcrits par un témoin des événements, Nithard, qui les a insérés dans son Histoire des fils de Louis le Pieux, elle-même rédigée en latin, la langue écrite utilisée jusqu’au XIIIe siècle.

Ces serments jumeaux sont un monument aux dimensions de l’Europe

Les textes sont les mêmes, comme dans une traduction simultanée. Il s’agit donc d’un traité bilingue en allemand et en français, une première dans l’Histoire. Le manuscrit qui les a conservés date de la fin du Xe siècle.

Charlemagne (742-814) construit un vaste empire allant de l’Aquitaine à la Bavière et du Nord de l’Italie à la Saxe. Mais l’Europe de Charlemagne est divisée par ses petits-fils.

Strasbourg fait d’abord partie de la Lotharingie en 843 par le Traité de Verdun, puis à partir de 870 de la Francie orientale (appelé plus tard royaume de Germanie) lorsque, par le Traité de Meersen, Louis et Charles se partagent la Lotharingie qui reviendra ensuite complètement à Louis III de Germanie en 880.

Le texte des Serments

Les quatre petits textes des Serments se composent d’une promesse d’aide entre les deux frères, Louis et Charles, contre leur frère Lothaire, cette alliance étant renforcée publiquement par les hommes des deux armées qui s’engagent à ne pas respecter leur suzerain si ce dernier ne tient pas la parole donnée.

  • Serment du roi Charles qui régnait sur la Francia occidentalis, futur Royaume de France
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Pour l’amour de Dieu et pour la conservation du peuple chrétien et de nous deux, à partir de ce jour, autant que Dieu m’en donne le savoir et le pouvoir, je soutiendrai mon frère que voici ; comme on doit, conformément au droit, soutenir son frère. A condition qu’il fasse autant pour moi. Et avec Lothaire je ne passerai aucun accord qui, par ma volonté, puisse lui nuire.

  • Serment du roi Louis qui régnait sur la Francia orientalis, future Germanie

Si Charles tient le serment qu’il a juré à son frère Louis et que Louis, mon seigneur, de son côté, enfreint celui qu’il a juré, au cas où je ne pourrais l’en détourner, je ne lui prêterai aucune aide contre Charles, ni moi, ni nul que je pourrais en détourner.

Renseignements pratiques

  • Musée Historique de la Ville de Strasbourg
  • 2, rue du Vieux-Marché-aux-Poissons, Strasbourg
  • Tél. 03 88 52 50 00