Paris a finalement accédé à la demande faite par l’association Paris Animaux Zoopolis. La capitale va ériger un monument aux animaux morts pour la France, en particulier pendant la Grande Guerre.
Un hommage argumenté
« Il ne s’agit pas d’une lubie d’hurluberlus extrémistes, la création de ce monument aux animaux morts pour la France représente ce que beaucoup de poilus auraient voulu », clarifie tout de suite Eric Baratay, historien spécialiste de l’histoire des relations hommes-animaux. Ce dernier rappelle combien les animaux ont été nécessaires pendant la Première Guerre mondiale mais aussi à quel point ils sont devenus de véritables compagnons de misère pour les soldats. Chevaux, mules, ânes, chiens messagers, de tranchée, ambulanciers ou encore pigeons voyageurs : au total, 11 millions d’animaux ont été utilisés et tués pendant la Grande Guerre. Sans parler bien sûr de la Seconde Guerre mondiale et des autres conflits. L’idée de créer un monument aux animaux morts pour la France fait son chemin et suscite l’intérêt de certains élus parisiens.
Des élus parisiens soutiennent le projet
Le 15 mai dernier, Amandine Sanvisens, présidente de Paris Animal Zoopolis, l’association qui traite des souffrances animales, adresse un courrier à Anne Hidalgo et Catherine Vieu-Charier, l’adjointe chargée de la mémoire et du monde combattant. Elle demande « la création d’un monument à Paris en mémoire aux animaux de guerre morts sous le commandement français, en particulier pendant la Grande Guerre. » Après avoir rejeté la proposition, la mairie de Paris change d’avis. Entre temps, certains élus se sont joints au combat pour faire pencher la balance. Les élus des 13e et 14e arrondissement soumettent des vœux pour la pose d’une plaque commémorative dans leur quartier. Celui du 14e est voté à la majorité.
Mi-juin, l’association du Souvenir français apporte un précieux soutien au projet ; puis quatre vœux sont déposés par les mairies du 2e, 6e et 7e. « Notre soutien a fait la différence. Aujourd’hui, on a une plus grande conscience de la souffrance animale, c’est le bon moment », explique Jean-Pierre Lecoq, maire du 6e. Le 8e arrondissement vient également de déposer le 30 octobre dernier un vœu pour la création d’une plaque mémorielle en hommage aux chiens de guerre avenue Franklin D Roosevelt.
Toutes ces démarches entérinent la décision de la Mairie de Paris. Le 26 septembre dernier, le Conseil de Paris adopte donc à l’unanimité le projet de créer une stèle en mémoire aux animaux de guerre. Mais quelle en sera la nature ?
A quoi va ressembler ce monument aux animaux morts pour la France ?
«Cela peut-être un chien, un cheval ou un pigeon. Une commission va se réunir pour établir sa nature. Pour le lieu, je pencherais pour l’Avenue de l’Observatoire dans le 6e. C’était un lieu de réquisition de chevaux. C’est magnifique et très visible », explique le maire. Même son de cloche pour Amandine Sanvisens. « Ce serait un endroit adapté et vraiment représentatif. » Mais pour l’instant, la date du groupe de travail qui étudiera la construction de cette stèle n’est pas connue. « Nous n’avons aucune information concernant la forme de la stèle, le lieu ou l’inscription qui y figurera. » Ce qui est sûr, c’est que cette stèle ne sera pas inaugurée à temps pour le centenaire de la Première Guerre mondiale. Il faudra donc attendre pour pouvoir rendre hommage aux poilus à quatre pattes. « Si certains animaux pouvaient parler, ils auraient beaucoup à dire, alors que si certains hommes se taisaient un peu plus, ce serait bien », ironise Jean-Pierre Lecoq. Laissons donc place au silence.